Reportage
Le Pentagone n’a plus de plan B
A moins de deux semaines des élections législatives américaines et alors qu’un diplomate du Département d’Etat vient de déclarer sur Al-Jazira que les Etats-Unis avaient fait preuve «d’arrogance» et de «stupidité» en Irak avant de retirer ses propos, George Bush étudie enfin une nouvelle stratégie pour les troupes américaines. Ce n’est pas le déchaînement des assassinats confessionnels ou l’évaluation par « The Lancet » à 650 000 Irakiens tués depuis le début du conflit qui a suscité cette tardive prise de conscience. Ce sont les sondages. Selon « Newsweek », deux Américains sur trois estiment désormais que les Etats-Unis «perdent du terrain» en Irak, tandis que le fait de souligner que les républicains veulent garder le cap en Irak est devenu l’argument de la campagne des démocrates.
Le problème pour la Maison-Blanche, c’est que les généraux consultés ont admis qu’il n’y avait plus de plan B. Selon eux, la sécurisation de Bagdad était la clé de voûte de la nouvelle tactique définie il y a quelques mois par le Pentagone. Mais la campagne pour arrêter la violence dans la capitale irakienne lancée le 7 août, avec l’arrivée de 12 000 hommes supplémentaires, s’est révélée un échec cuisant. Le nombre d’attaques a augmenté de 22% pendant les trois premières semaines du ramadan et 73 soldats américains ont été tués, ce qui fait déjà d’octobre 2006 l’un des mois les plus meurtriers en trois ans. Tandis que le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh demande aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne de ne pas «céder à la panique», des dissensions de plus en plus nettes apparaissent entre le gouvernement américain et l’administration irakienne sur des points aussi importants que l’amnistie des rebelles sunnites, le désarmement des milices chiites et la possible partition du pays.
Sara Daniel