Reportage

Ziad Aziz : « Je n?irai pas voter »

En Jordanie où il est réfugié depuis la fin de la guerre, Ziad, fils de Tarek Aziz, l?ancien ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein, ressasse son désenchantement. Ses amis lui ont tourné le dos. Il préfère rester chez lui, loin des ex-cadres dirigeants de la dictature irakienne. «Je ne connais qu?une poignée de ces gens qui figurent sur les listes électorales. Prenez la liste 285, celle du Premier ministre, Allaoui. Deux cents des personnes qui y figurent ne se sont fait connaître qu?au dernier moment pour ne pas être assassinées. De toute façon, bientôt les chiites seront au pouvoir. Et les sunnites ne l?accepteront pas. Je ne comprends pas la stratégie des Américains. Hier, ils nous ont aidés quand nous nous battions contre les Iraniens. Aujourd?hui, ils leur donnent l?Irak sur un plateau!»

Pendant plus d?un an et demi, Ziad n?a reçu qu?une petite lettre de son père lui annonçant qu?il était en bonne santé.

Et puis il y a quelques semaines un avocat a pu se rendre dans la prison, près de l?aéroport, où Tarek Aziz est détenu avec les 55 personnes les plus recherchées du pays arrêtées à ce jour. A l?exception de Saddam Hussein, qui est détenu ailleurs. «Mon père lui a posé des dizaines de questions sur ce qui se passait en Irak. Il ne savait rien.»

Tarek Aziz est accusé d?avoir cautionné par sa présence la répression de la révolte chiite de 1991 et l?épuration du parti Baas en 1979. «Mais mon père travaillait pour l?Irak, pas pour Saddam, proteste Aziz. Il luttait pour la levée des sanctions. D?ailleurs, à la fin, il était tombé en disgrâce. Les fils de Saddam voulaient se débarrasser de lui. Qoussai, mon ancien copain d?enfance, m?a fait jeter en prison et a empêché mon père de voir Saddam pour lui demander ma libération qu?il a fini par obtenir quarante jours plus tard!» Le procès de Tarek Aziz ne devrait pas commencer avant plusieurs mois.