Reportage
La contagion de Fallouja
Selon des sources militaires américaines, il faudra plus d?un an pour reconstruire la ville de Fallouja, dévastée par une bataille de trois semaines. Alors que les marines poursuivent le «nettoyage» du bastion des rebelles sunnites, d?autres villes d?Irak sont depuis quelques jours le théâtre de violents accrochages, comme si l?assaut de Fallouja avait donné le signal de l?embrasement. Résultat: les forces de la coalition doivent désormais faire face à plusieurs fronts à la fois.
Depuis le 23 novembre, les marines sont engagés dans l?opération Plymouth Rock destinée à «nettoyer» le sud de Bagdad, ce «triangle de la mort» où Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont été enlevés. Samedi dernier, une centaine d?insurgés ont pris le contrôle de la mairie et de deux commissariats de la ville de Khalis, au nord de Bagdad. A Mossoul, où l?on a retrouvé 50 corps de soldats ou de policiers irakiens, la police a pris la fuite ou rejoint le camp des insurgés. On voit mal dans ces conditions comment la sécurité des élections pourrait être assurée dans la troisième ville du pays. Faudra-t-il différer la consultation prévue pour le 30 janvier? La question n?en finit pas de diviser les communautés chiites, sunnites et kurdes. 17 partis majoritairement sunnites et kurdes ont demandé un report des élections de huit mois. Mais les grands chefs religieux chiites de Nadjaf, qui espèrent voir les chiites majoritaires dans le pays remporter ce scrutin, estiment, eux, que tout report serait «inacceptable». Un avis que partagent le gouvernement d?Iyad Allaoui soutenu par Downing Street et la Maison-Blanche. Personne ne peut d?ailleurs garantir l?amélioration de la situation dans huit mois. Reste à évaluer la légitimité de représentants élus sans les voix de la minorité sunnite du pays. Et les risques de guerre civile qu?une telle décision pourrait entraîner.