Reportage

Voyage au sein de l’ultradroite américaine

On prenait les maniaques des armes à feu et du treillis pour des illuminés. Depuis le carnage d?Oklahoma City et l’attentat contre le train Miami-Los Angeles, revendiqué par « les fils de la Gestapo », on découvre que les milices armées constituent une menace majeure pour la démocratie américaine. Enquête chez ces petits Blancs qui ont déclaré la guerre à l?Etat fédéral

Voyage au sein de l?ultradroite américaine C’est le petit livre rouge des milices, le catéchisme de l’ultradroite américaine. Tim McVeigh, l’auteur présumé de l’attentat d’Oklahoma City, ne se séparait jamais de son exemplaire des « Turner Diaries ». L’action du livre se déroule en novembre 1989. La loi Cohen vient d’interdire aux citoyens de posséder des armes à feu, les Noirs sont chargés de faire respecter la loi. Un homme, Earl Turner, résiste. Après avoir fait sauter un bâtiment du FBI et dirigé une attaque au mortier sur le Congrès, il deviendra le héros d’une guerre raciale mondiale qui s’achèvera par la destruction de Toronto, où les juifs du monde entier ont trouvé refuge. Ecrit par le nazi William Pierce, « Turner Diaries » ressemble à la centaine d’autres ouvrages paranos et délirants dont les milices du Montana à la Floride se faxent les meilleurs extraits. « Sa spécificité, c’est qu’il préconise la propagande par l’action », explique ce milicien d’Arizona en brandissant son exemplaire où il a surligné au Stabilo Boss jaune les passages où l’on égorge des Noirs, ainsi que les récits de hold-up ou d’attentats à la bombe ? soit les neuf dixièmes du livre. Cette apologie de la résistance par les armes à un prétendu complot mondial aura conduit à deux attentats terroristes en moins de six mois aux Etats-Unis. Après l’explosion du bâtiment fédéral d’Oklahoma City, le 19 avril dernier, le déraillement criminel du train Miami-Los Angeles à l’ouest de Phoenix, Arizona, le 9 octobre, a fait 1 mort et 112 blessés. Dans la carcasse calcinée, Roberto Concepcion, un des barmen du train, a trouvé une feuille tapée à la machine où étaient énumérés les griefs traditionnels de l’ultradroite à l’encontre du FBI et du gouvernement fédéral. Evoqué aussi, bien sûr, le point culminant du martyrologue des milices: l’assaut contre la secte des davidiens, à Waco. La feuille était signée « les fils de la Gestapo ». Avec sa barbe de patriarche et son air de doux dingue, John Trochmann, leader de la milice du Montana, a été convoqué au Sénat devant une commission réunie pour juger du degré de dangerosité des milices, et qui l’écoutait abasourdie. Poliment, il leur a expliqué l’imminence de l’invasion d’une armée sous commandement de l’ONU, aidée par des gangs de banlieue qui jusqu’ici se cachent dans les forêts de la nation en attendant le signal. Il leur a montré les photos de missiles russes sur leurs rampes de lancement au Texas, et le plan de partage des Etats-Unis tel qu’il figurait au dos d’une boîte de corn flakes Kix, sans qu’on puisse lui faire préciser pourquoi les armées du nouvel ordre mondial avaient choisi ce support original. Magnanime, il leur a accordé le bénéfice du doute: « Vous-mêmes, messieurs, devez être manipulés… » Les agents du grand complot contre l’Amérique authentique ont-ils déjà engagé les hostilités? Beaucoup le pensent dans cette frange de laissés-pour-compte du rêve américain qu’on a baptisée « white trash » (« le déchet blanc »). Anciens militaires ou chômeurs, qui survivent avec les 300 dollars mensuels de leur chèque d?aide sociale, ils passent leur journée à décortiquer dans les journaux ou sur Internet les informations les plus insignifiantes. Pour ces groupes isolés, dont la surinformation renforce la paranoïa parce qu’ils interprètent chaque nouvelle à travers le prisme de leur théorie de la conspiration, tout peut être le signe des intentions malignes du gouvernement. Pour Tim McVeigh, le signe aura peut-être été l’exécution en Oklahoma, le jour même de l’attentat, de Richard Snell, ce suprématiste blanc accusé d’avoir tué un policier noir et un commerçant juif. Pour « les fils de la Gestapo », l’annonce d’un verdict racialement orienté ou d’une marche de Noirs sur Washington. « La prochaine fois que vous viendrez en Arizona, j’espère que je pourrai vous montrer notre beau désert. » En s’excusant maladroitement auprès des victimes, le gouverneur Fife Symington avait l’air consterné. Cette fois encore l’extrémisme milicien avait désigné le désert d’Arizona comme son berceau. Selon Michael Reynolds, de Klan Watch, il y aurait en Arizona plus de 22 milices violemment antigouvernementales, attirées par la tradition locale du culte de la liberté et le fait qu’on puisse y être ouvertement armé. Déjà Kingman, une petite ville de 31000 habitants dans la vallée Hualapai, au nord-ouest de l’Etat, avait fait parler d’elle lorsqu’on avait appris que Tim McVeigh y avait élu domicile pendant près d’un an. C’est à Kingman qu’avec ses complices Nichols et Fortier il aurait fait les derniers préparatifs en vue de l’attentat, aidé par une population sympathisante et peut-être par une des milices les plus secrètes et les plus dangereuses du pays: les Patriotes de l’Arizona. Alors la ville se terre, dégoûtée par le portrait que la presse a brossé de ses habitants. C’est l’article d’un journaliste australien qui a le plus choqué: « Kingman, c’est le cauchemar américain de base, fait de pauvreté et de saleté, un microcosme de l’extrémisme de droite, où tous les détritus blancs qui n’ont pu se faire une place en Californie ont échoué… » Au croisement de l’Interstate 40 (celle qui mène à Oklahoma City) et de la route 93, Kingman, ville de roulottes sédentaires, est un lieu de passage. Ses motels à 20 dollars abritent les petits voyous de Las Vegas venus « se perdre dans le désert ». Devant le moins cher de tous, l’Imperial Motel, où McVeigh a passé deux semaines enfermé dans sa chambre, un garçon d’une vingtaine d’années sirote un Coca. Il faisait partie d’un gang à Las Vegas. Sa fiancée a été tuée sous ses yeux. Il prétend connaître quelques personnes qui ont été mêlées aux attentats: « Je ne suis qu’un OG (old gangster), mais tout ça je l’ai lu dans la Bible. Les attentats à la bombe, c’est le Nouvel Ordre mondial. Ça ne fait que commencer. » Helmut Hoffer, le patron du motel, n’aime pas les fédéraux. Il n’a que des compliments à faire sur McVeigh: « Si tous les clients étaient aussi propres, aussi polis… Il faisait son lit tous les matins à la militaire: quand la femme de ménage a voulu changer les draps, elle a eu du mal à les décoller. » Extrémiste ou pas, à Kingman on met un point d’honneur à défendre le droit des citoyens à posséder autant d’armes qu’ils le désirent, en vertu du deuxième amendement de la Constitution. Quand le shérif Caroll Brown, originaire de Caroline du Nord, est venu s’installer à Kingman, il a mis un temps à s’adapter. « Ici, c’est une région d’armes. Ça n’a rien à voir avec la côte Est. Là-bas, quand on trouve quatre ou cinq pistolets, cinq ou six fusils dans une maison, on dit: « C’est un arsenal ». Par ici, c’est vraiment pas une affaire. » Dans ce bled, on n?aime pas que les fédéraux viennent fouiner dans la vie des gens: « Dans ces endroits, poursuit Brown en montrant les roulottes qui s’étendent à perte de vue jusqu’aux montagnes, vous pouvez vivre comme vous l’entendez. Beaucoup préfèrent tirer l’eau de leur puits et ne pas avoir l’électricité pour ne pas payer de taxes. » Avec leurs drapeaux confédérés, ou ceux qui demandent qu’on ne les « serre pas de trop près » surmontés d’une tête de mort, les roulottes rafistolées ne sont pas vraiment accueillantes. Mais, selon le shérif, qui a eu l’occasion de voyager en Europe, cette volonté d’indépendance vis-à-vis du gouvernement, c’est la caractéristique des Etats-Unis. L’esprit des plaines de l’Ouest: « A l’étranger, j’ai vu des flics qui avaient des mitraillettes en bandoulière. C’est cet Etat policier que nous voulons éviter. De là à devenir un rat du désert… » Le regard du shérif se perd dans les montagnes Aquarius qui se dressent au bout de la plaine. Jamais il n’aurait évoqué le nom de leur hôte le plus tristement célèbre, de peur de donner le coup de grâce à la réputation de sa ville d’adoption. Il refusera même de m’indiquer le chemin de sa roulotte. Mais depuis longtemps la notoriété de Jack Maxwell Oliphant, « le grand-père des milices d’Arizona », a franchi les limites de l’Etat. Fondateur des Patriotes de l’Arizona, l’homme a passé quatre ans en prison à la fin des années 80, avec trois de ses complices, pour avoir organisé l’attaque d’un fourgon blindé qui transportait la recette d’un casino de Laughlin (Nevada). Le magot de 10 millions de dollars aurait servi à financer les camps d’entraînement de la milice. Des agents infiltrés l’ont entendu préparer des attentats contre une synagogue et contre le bâtiment fédéral de Phoenix. Aujourd’hui, le FBI le soupçonne d’être au courant des faits et gestes de tous les groupuscules d’extrême droite de la région. Jack Oliphant, 71 ans, veut mettre le plus de distance possible entre lui et une civilisation corrompue. Il vit à 60 kilomètres à l’est de Kingman, dans les montagnes Aquarius, son pitbull, sa femme Margo, et un couguar dans le jardin. Il n’y a pas de chemin pour aller à son ranch, qu’il a baptisé Hephzibah, d’après la Bible. Pour y arriver, il faut affronter la montagne aride à pic avec un 4×4, ouvrir trois barrières et déranger deux troupeaux de vaches. « Vous êtes venue voir l’homme le plus dangereux des Etats-Unis? » Etonné d’être débusqué dans son refuge, Oliphant est plutôt accueillant, un peu cabotin. Nous devrons pourtant nous replier fissa dans la voiture lorsqu’un de ses voisins, venu en visite, un vétéran de la guerre du Viêt Nam qui a quelques packs de Budweiser dans le nez et n’aime pas les journalistes, menacera d’aller chercher son fusil. « Je suis le prisonnier de guerre d’un gouvernement dirigé par des banquiers sionistes », commence Oliphant, un mégot piqué dans la pointe dorée qui lui tient lieu de dent unique. Ses jeans troués, sa chemise et même sa peau sont recouverts d’une fine pellicule de poussière de la montagne. Jusqu’en 1976, Oliphant a sillonné le pays pour appeler à la révolte contre le gouvernement et prévenir ses concitoyens de l’imminence d’une guerre raciale qui préfigurerait l’Apocalypse. Puis il s?est retiré dans les montagnes, mais ses fidèles l’ont suivi et ont installé leurs trailers autour du ranch: « Je les ai entraînés à la guerre de maquis. C’est ça qui a fait flipper le FBI », explique-t-il. A cette époque, Jack avait acheté une concession dans une petite mine d’or de la région. Un jour, en voulant régler une dispute entre propriétaires pour un arpent de terre, il a saisi son fusil par le mauvais bout. Le bras de Jack a été déchiqueté: « Même si j’ai appris à tirer de la main gauche, ça m’a calmé. » De temps en temps, les skinheads du pays viennent lui rendre visite. « De là à me présenter comme le complice de McVeigh… C’est vrai, j’ai dit que si l’explosion avait eu lieu de nuit, il aurait été un héros. Mais, contrairement à ce que prétend le FBI, je ne le connaissais pas. » Quelques semaines après l’attentat d’Oklahoma, lorsqu’il a appris par le bouche-à-oreille que les fédéraux le recherchaient, Jack s’est présenté de lui-même à leurs bureaux de Kingman. C’est un agent noir qui l’a interrogé. « J’ai pas pu m’empêcher de lui demander s’il savait ce que devenait un nègre qui allait à l’université? Quand j’ai répondu: « Un nègre instruit », il s’est mis à rigoler. Lui aussi trouvait ça loufoque que ce soit un Noir qui s’occupe de mon cas à moi, Jack Oliphant… » Des voisins, Steve, 35 ans, beau-fils de l’allumé du Viêt Nam, et Mike, 60 ans, le secrétaire de Jack, nous rejoignent dans la voiture. Steve est venu rapporter un livre, « le Complot des trente », une nomenclature des piliers du nouvel ordre mondial: l’ONU, la Fed… Les annotations des dizaines de personnes qui ont eu le livre entre les mains se superposent dans la marge. Depuis qu’il a raccroché les armes, Jack fait club de lecture pour les isolés de la montagne; il s’emploie à éveiller les consciences aux signes du complot mondial. Pour acheter les livres de la collection Palladin, un fleuron du genre, on se cotise. Quelques titres: « le Livre de cuisine de l’anarchiste », qui explique la fabrication de bombes artisanales; « Comment faire disparaître un corps sans laisser de traces »; ou encore « Comment détruire des ponts ». Quand le sujet est trop salé, le catalogue Palladin précise: « Pour étude théorique seulement. » « Jack m’a ouvert les yeux », murmure Steve en regardant le vieil homme manchot. « Une milice bien contrôlée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le droit du peuple de posséder et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » Le shérif Brown l’avait dit: en Arizona, le deuxième amendement de la Constitution a été érigé en commandement biblique. La fraction la plus dure de la National Rifle Association, le lobby des armes aux Etats-Unis, ne s’était pas trompée en organisant à Phoenix un des congrès les plus importants de son histoire. C’était en mai dernier, un mois après l’attentat d’Oklahoma City ? 167 morts. L’organisation était accusée d’avoir, par sa rhétorique extrémiste, créé un climat de sédition. Wayne Lapierre, son président, avait dû expliquer pourquoi il avait traité les agents du FBI de « voyous fascistes aux bottes militaires » ? ce qui avait conduit George Bush à rendre sa carte de la NRA. Après quatre jours de réunion, Tanya Metaxa, la Calamity Jane de l’association, présente les Katona, couple vedette du congrès, symbole de l’arbitraire fédéral, héros des citoyens prêts à prendre les armes pour défendre leurs droits. Louis Katona, agent immobilier de Bucyrus, Ohio, et flic à mi-temps, collectionnait les armes. Dans sa cave il en avait pour plus de 300000 dollars, qui devaient servir selon lui à financer l’éducation de ses enfants. Un jour, comme le raconte la NRA dans de pleines pages de publicité dans les journaux, « des agents fédéraux, criant et jurant, se sont rués chez lui pour confisquer ses armes. Ils ont attrapé sa femme enceinte et l’ont jetée contre le mur. Quelques jours après elle faisait une fausse couche ». En fait, trois spécialistes appelés à examiner le dossier médical de la femme de Katona concluront que la fausse couche a eu lieu bien avant le raid. Mais, fausse couche ou pas, l’histoire fait tilt dans ce public de Blancs qui, depuis la loi Brady imposant un délai de trois jours avant l’acquisition d’une arme, pense que le gouvernement veut les désarmer par tous les moyens pour finir par leur imposer des lois de plus en plus arbitraires. La parano est telle qu’un membre du comité de la NRA me racontera comment ses impôts servent à détourner des camions entiers de homards du Maine vers les prisons quatre-étoiles du pays… Pour eux, l’histoire de Katona est un exemple de plus dans la liste des exactions commises par l’Etat fédéral. Comme celle de Randy Weaver, qui a perdu sa femme et son fils de 14 ans lors d’un raid mené par l’ATF, une branche du FBI. Ou encore l’assaut contre les disciples de David Koresh, devenu le martyr des milices. Un mois après l’attentat d’Oklahoma City, alors que son auteur présumé est devenu l’ennemi public numéro un, des jeunes en treillis distribuent à la sortie du stand d’exposition des armes de la NRA des tracts intitulés « Pourquoi McVeigh n’est pas un terroriste ». Le manifeste, d’une violence extrême, est signé par « la Milice constitutionnelle de 1791 ». Son siège se trouve à Cornville, une petite ville du désert à mi-chemin entre Phoenix et Sedona, dans une roulotte exiguë, sur un terrain vague. A l’intérieur, sur le sol, des coussins éventrés, deux chiens, une perruche, deux drapeaux américains et un fusil. Sur les tables, deux ordinateurs allumés, une télé, une CB et deux fax qui ne cessent de crépiter. Dans la pénombre on distingue une grosse femme assise sur son lit, elle porte un tee-shirt où est inscrit: « Waco, réveille-toi l’Amérique! » La fondatrice de la milice, Sheila Reynolds, vient de subir une opération des cordes vocales. Avec la voix métallique de Dark Vador dans « la Guerre des étoiles », elle donne un compte rendu de sa journée à Frank, 30 ans, chef de la sécurité. Le matin, elle a échangé des fax avec Clive Doyle, un rescapé de l’incendie de Mount Carmel, à Waco, afin d’organiser une collecte en faveur des davidiens. Puis elle a téléphoné à son ami John Trochmann, de la milice du Montana. La discussion a porté sur la question de savoir si, au nom du deuxième amendement, on devait autoriser les particuliers a acquérir des armes nucléaires. L’après-midi, elle a envoyé un E-mail (message par Internet) à son ami Jack Mac Lamb, fondateur de la Police contre le Nouvel Ordre mondial de Phoenix, pour faire le point sur l’état des traités des forces de l’Antéchrist: le Gatt et l’Alena. Frank écoute respectueusement. Sheila est le cerveau de l’organisation. Lui en est le bras armé. Le week-end avec son « unité », il s’entraîne à la guerre dans le désert. Il marmonne, il a des sautes d’humeur. On ne peut s’empêcher de penser que McVeigh doit lui ressembler. Avec sa voix d’ordinateur, Sheila appelle sa fille, une petite blonde de 17 ans, diaphane, aussi frêle que sa mère est massive. « Présente-toi », ordonne la mère. Cathy s’exécute. Elle raconte comment elle a claqué la porte de l’école après un cours d’éducation sexuelle où on ne prônait pas l’abstinence avant le mariage. Avec ses amis et voisins, ils ont pensé créer une communauté religieuse. Et puis l’exemple de Waco les en a dissuadés. Alors Cathy reste avec sa mère impotente à la voix métallique. Huis clos dans une roulotte au milieu du désert. La jeune fille étudie par correspondance. Elle veut devenir infirmière. Son ordinateur est resté allumé. On peut y lire: « Pourquoi McVeigh n’est pas un terroriste. » C’est une gamine de 17 ans qui est à l’origine d’un des pamphlets les plus violents jamais écrits par les milices… Quelques jours avant que le train Miami-Los Angeles ne déraille, un avertissement est arrivé sur le fax de Sheila Reynolds. Il mettait en garde contre « un possible attentat du gouvernement fédéral contre le peuple d’Arizona dans un avenir proche ». Certaines milices avaient reçu un message similaire avant l’attentat d’Oklahoma City. La petite Cathy a dû y voir un signe annonciateur de l’Armaguedon, la grande bataille de l’Apocalypse, où les forces du Bien affronteront celles de l’Antéchrist et délivreront enfin sa mère de cette voix de rocaille.