Reportage

La cyber-armée, nouvelle priorité des États-Unis

Le nouveau patron de la NSA vient de l’annoncer : une cyber-armée va s’adjoindre aux corps armés traditionnels.

C’est Michael S. Rogers, le tout nouveau chef de la NSA, les services secrets américains, qui vient de l’annoncer devant le Sénat : les Etats-Unis auront bientôt une cyber-armée officielle qui travaillera en collaboration avec ses forces aériennes, terrestres et navales.

L’amiral Rogers devient ainsi le chef du cyber commandement des Etats-Unis. On ne sait pas encore combien d’hommes seront affectés à ces combats virtuels, mais il est clair que la question est devenue une priorité pour les Etats-Unis.

Des guerres virtuelles secrètes

Le prédécesseur de Rogers, le général Keith Alexander, avait déjà recruté plusieurs centaines de hackers et d’experts informatiques pour conduire des attaques. La plus célèbre à ce jour est celle connue sous le nom de sa cyber arme : Stuxnet, qui a détruit physiquement un millier de centrifugeuses à Natanz en Iran. Sous la direction du général Alexander, le Pentagone avait déjà demandé un budget de 4,7 milliards de dollars pour conduire des cyber-opérations.

L’amiral Rogers a d’autre part reconnu que le nouveau gouvernement ukrainien avait subi des cyberattaques. Une raison supplémentaire pour lui d’établir une force qui pourra attaquer et dissuader l’ennemi (principalement la Chine et la Russie) de s’en prendre aux intérêts et aux alliés des Etats-Unis.

Mais ces guerres virtuelles restent le plus souvent secrètes et il est difficile de savoir si les Etats-Unis ont l’intention de prêter main forte aux Ukrainiens autrement que pour déjouer les attaques dont ils sont les victimes de la part des Russes.

D’autant que les Russes ont fait savoir aux Etats-Unis qu’ils considéreraient toute cyberattaque comme une offensive perpétrée par « des armes de destruction massive ». « Il n’est pas sûr que ce soit le moment opportun pour voir s’ils bluffent », reconnaît un membre du gouvernement américain.
Un système d’écoutes mondiales renforcé

Pour défendre les Etats-Unis contre les cyberattaques qui se multiplient, l’amiral Rogers a expliqué qu’il fallait les identifier non seulement après les attaques mais avant et pendant.

Une surveillance qui sera rendue possible par le fait que depuis 2008, la NSA a implanté des logiciels espions dans 100.000 ordinateurs autour du monde, qui permettent de détecter des attaques et de répliquer à celles-ci.

Ce programme secret de logiciels mouchards, qui a été révélé par Edouard Snowden et dont le nom de code est Quantum, a été installé, entre autres, sur les ordinateurs de l’armée russe, sur ceux de la police mexicaine et sur ceux d’institutions de la communauté européenne.

Bien loin d’être réformé donc, ce système de surveillance et d’écoutes mondiales mises en place par la NSA devrait sortir renforcé de ce nouvel engagement des Etats-Unis dans la cyberguerre…

Sara Daniel