Édito

Après le lâche assassinat de Samuel Paty et à propos d’un tweet regrettable…

« Tant que ce pays, qui fut un temps intelligent, confondra liberté d’expression et droit au blasphème, il y aura sans cesse des morts atroces sur son territoire… »  

couverture d’un exemplaire de Charlie Hebdo, par Charb

Ainsi il n’aura pas fallu attendre un jour après le terrible assassinat d’un professeur d’histoire géo de Conflans pour que le critique Arnaud Viviant, sans doute plus par goût de la provocation que par vénération pour les totems du fondamentalisme, ne crache sur la tombe de Samuel Paty. Pour étayer ce tweet munichois, le journaliste renvoyait aux réflexions d’une anthropologue de Berkeley d’origine pakistanaise,  Saba Mahmood, aujourd’hui disparue qui expliquait : « il faut comprendre l’injure morale suscitée par les caricatures, de la part de personnes qui ne peuvent échapper à leur identité musulmane, pas plus qu’une personne noire ne peut échapper à sa race… ». On aurait voulu espérer  que le spectacle glaçant de la tête tranchée du professeur d’histoire Samuel Paty ferait taire pour un temps les contempteurs de la laïcité à la française.  Que la prise de conscience, qu’elle n’allait pas manquer de susciter, imposerait un moment de silence à tous les  adeptes du « Je suis Charlie, Mais ». Aux « islamo gauchistes » qui, dans l’espérance d’un grand soir nihiliste, font mine de croire que le féminisme et la lutte pour les droits des gays peuvent faire être défendus avec ceux des partisans de la charia et du voile, qui pourtant les haïssent.  A cette gauche fourvoyée qui, après avoir adhéré hier au Stalinisme, pense aujourd’hui que les musulmans sont les nouveaux damnés de la terre et qu’au titre d’un mépris paradoxal, il faudrait adopter le littéralisme de la foi des intégristes, puisqu’ils seraient trop démunis pour introduire un peu de distance critique dans leurs croyances … Quelle naïveté vraiment ! 

En réalité le fascisme fondamentaliste a encore marqué un point avec cet attentat puisque la sidération face à l’horreur de cet acte s’accompagne d’une terreur équivalente. Si la notion de blasphème contre Mahomet ne pouvait pas complètement rentrer dans la tête des Français comme un autre catéchisme par le droit et les procès instruits contre la notion d’Islamophobie, muselant toute critique salutaire de l’Islam, elle finira bien par s’imposer par la terreur.  Nos confrères du journal danois, Jyllands-Posten qui avaient en 2005 publié les premiers les  caricatures de Mahomet  l’ont appris, eux qui n’ont plus le droit aujourd’hui de publier ces caricatures.  

Quant au courage remarquable d’une autre professeure qui fait elle aussi honneur à la République française,  et qui dimanche est allée manifester à Toulouse en agitant le drapeau tricolore, Fatiha Boujahalat , il est entaché du soupçon et de l’agacement lassé qui entoure les fauteurs de troubles qui cherchent les ennuis et la polémique…

Triste époque vraiment.

Sara Daniel