Édito

CE FASCISME ISLAMISTE QU’IL NOUS FAUT COMBATTRE

Expulsez le chien français » ou encore « Décapitez le blasphémateur ! » De la Tunisie au Pakistan, des centaines de milliers de musulmans se déchaînent contre le président français. Au Bangladesh, les manifestants appellent à « punir » Macron en brûlant son effigie et le drapeau tricolore; à Gaza, des Palestiniens ont pris part à des rassemblements anti-Français en scandant « Avec nos âmes et notre sang, nous rachèterons le Prophète » ; en Arabie saoudite, une attaque au couteau a eu lieu dans un consulat français; en Iran, Macron est représenté en diable aux oreilles et aux dents pointues. Il n’y a pas que la rue qui déverse sa haine. Un grand imam, celui d’Al-Azhar au Caire, appelle à « poursuivre en justice quiconque offense l’islam et ses symboles sacrés » ; un ancien Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, explique que « les musulmans ont le droit d’être en colère et de tuer des millions de Français »; un président en exercice, Recep Tayyip Erdogan, accuse notre président d’être atteint de «troubles mentaux».

Et quel est le déclencheur de ces appels au meurtre ? La réaffirmation de notre soutien à la liberté d’expression et à la laïcité, après l’assassinat de Samuel Paty. Ce professeur qui continuait à croire à sa mission d’expliquer, notamment, ce que représente en France la tradition des caricatures, même si on ne les trouve pas drôles, ou grossières. Mais ce qui est visé, c’est aussi, bien sûr, le discours d’un président qui a enfin nommé « la crise de l’islam » (l’écrivain Abdelwahab Meddeb parlait, lui, de « maladie de l’islam ») et le « séparatisme islamiste ». Oui, nous en sommes là.

On pourrait relativiser l’importance de ce déferlement de haine, s’il ne rendait pas de plus en plus visible la « stratégie djihadiste planétaire », s’il n’armait le bras de terroristes sur notre territoire, s’il ne flattait pas une frange minoritaire ­ mais de moins en moins négligeable ­ de sympathisants de l’islamisme. En France, selon Jérôme Fourquet de l’Ifop, on ne compterait pas moins de 750 000 personnes « épousant la vision du monde véhiculée par les tenants de l’islamisme radical » ! Comment, alors, ne pas craindre qu’Erdogan, le nouveau champion des Frères musulmans, quand il invective la France, les incite à passer à l’acte, comme l’imam Khomeini lorsqu’il édictait sa fatwa contre l’écrivain Salman Rushdie ?

Pourtant, le sang de nos compatriotes assassinés dans l’église de Nice est à peine séché que l’on entend déjà les leçons de tolérance que nous donnent les démocraties communautarisées, comme celle du Canada, ce pays prêchant une laïcité de compromis au nom de sa théorie des « accommodements raisonnables » qui résonnent aujourd’hui comme autant de compromissions. Et les leçons de ceux qui préfèrent acheter l’apaisement avec le renoncement à quelques-uns de nos principes. Et puis les indignations des idéologues indigénistes et autres décoloniaux pour lesquels toute critique de l’islam, voire de ses dérives, est illégitime quand elle vient de ceux qui ont commis le péché originel du colonialisme. Oui, ils osent. Alors déjà le fascisme vert grignote de nouveau nos institutions et fait régner la peur et l’autocensure chez les professeurs. L’hommage à Samuel Paty a été réduit à sa plus simple expression… Est-ce à dire qu’une majorité de musulmans français professent cette haine de la France et de ses valeurs ? Non, bien sûr, la pétition émanant d’un collectif d’intellectuels musulmans publiée par « le Monde » le dit clairement. Mais il faut que leurs voix s’affirment. Certes, ils n’ont pas tous le courage et les convictions de Fatiha Boudjahlat, de Sonia Mabrouk, d’Amine El Khatmi ou de l’imam Chalghoumi, pour ne citer qu’eux. Mais les voix de musulmans modérés, aujourd’hui réduits à chuchoter en regardant derrière eux, doivent enfin exiger un aggiornamento de l’islam, sans se sentir traîtres à leur communauté. Oui, on peut imaginer que le Coran n’a pas été dicté par l’ange Gabriel à Mahomet. Oui, on peut analyser ses textes et les remettre en contexte. Il faut qu’ils le disent haut et fort. Il est peut-être encore temps.

Sara Daniel