Interview

« Pour aider concrètement la jeunesse iranienne »

Un entretien avec Fariba Hachtroudi, présidente de la fondation Mohsen-Hachtroudi

Comment analysez-vous le mouvement de révolte qui agite l’Iran aujourd’hui ?

Je pense que le régime théocratique ne tombera pas de sitôt. Le peuple iranien est entré dans une confrontation qui durera des mois voire des années comme je l’avais prédit dans mes livres. La femme iranienne, 25 ans d’inquisition (1994), retrace la révolte des femmes dès la « révolution islamique » de 1979, Ali Khamenei ou les larmes de Dieu (2011) prévoit la révolte actuelle de la jeunesse d’Iran, Le colonel ou l’appât 445 (2014) met en lumière les pratiques en cours dans les prisons du régime des mollahs…

Quel est l’objectif de l’association Mo-Ha ?

Aider les étudiants, et si possible les sortir de prison en payant leurs frais d’avocat et leurs cautions pour une libération conditionnelle. La monnaie iranienne ne vaut plus rien, les inégalités explosent, l’inflation fait rage. Hypothéquer des biens, mettre en gage des années de salaire reste la seule solution pour les familles modestes qui se ruinent à essayer de sortir leurs enfants de prison. (Le montant des cautions répertoriées à ce jour pour les étudiants varient de 2.000 à 70.000€). Une fois libérés, ceux-ci, meurtris par les traitements qu’ils ont reçus, exclus de l’université et privés de travail, ont encore besoin d’être soutenus. La résistance est avant tout une question de survie économique…

L’association Mo-Ha, indépendante et composée de bénévoles, voudrait lancer une collecte au profit des étudiants victimes de la répression. Nous comptons déjà de précieux soutiens, dont Annie Ernaux et Cédric Villani pour ne citer que les derniers en date. Depuis ses débuts, Mo-Ha s’est toujours voulu concrète, d’abord en aidant les réfugiés iraniens à s’intégrer en France puis en mettant en place des ponts culturels et scientifiques entre l’Iran et La France. Notre connaissance des réalités du pays nous permet aujourd’hui d’envisager des actions de terrain pour soulager la souffrance des familles de cette héroïque jeunesse qui se bat pour ses droits élémentaires. Toutes les informations seront sur le site web de l’association www.mo-ha.com.

propos recueillis par Sara Daniel