Édito
Pakistan : il faut sauver Asia Bibi et sa famille !
Édito, Sara Daniel
5 novembre 2018
Le 14 juin 2009, Asia Bibi, une paysanne de 38 ans, travaille dans un champ du Pendjab au Pakistan, à la récolte de baies. Pour se rafraîchir, la paysanne boit de l’eau dans un récipient puis le tend à deux musulmanes. Un sacrilège selon l’une d’entre elle qui s’offusque qu’on ait pu lui proposer de boire dans le même gobelet qu’une chrétienne, c’est-à-dire une « impure ». La mère de famille humiliée ose répliquer : « Mahomet ne serait pas d’accord avec tes injures. » Et un mollah, Qari Salam, porte plainte… La voilà incarcérée, accusée de blasphème pour avoir osé interpréter la pensée du prophète, et condamnée à mort.
Elle a passé huit ans en prison à attendre la pendaison, accusée d’avoir insulté l’islam, ce dont elle s’est toujours défendue. Mercredi dernier, au grand soulagement de tous ses amis qui n’y croyaient plus, Asia Bibi a finalement été acquittée. Un verdict qui a embrasé le Pakistan. Des manifestations ont paralysé le pays pendant trois jours, tandis que des affrontements ont éclaté entre des protestataires et la police locale. Asia Bibi s’est retrouvée contrainte de rester dans la prison de Multan, en dépit de son acquittement.
Un lâche recul
Pour retrouver la paix, précaire dans ce pays chaotique, les autorités pakistanaises ont lâchement accepté de lancer une procédure pour interdire à Asia Bibi de quitter le territoire, et se sont engagées à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d’acquittement lancée par un religieux. Dans le même temps, l’avocat d’Asia Bibi a été contraint de fuir le Pakistan, craignant pour sa vie. Et on le comprend. Le 4 janvier 2011, le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, qui avait courageusement pris sa défense, a été assassiné par son garde du corps, tout comme un ministre chrétien des Minorités religieuses.
On se souvient aussi que dans ce pays qui ne s’illustre pas par sa tolérance religieuse, l’avocat du médecin qui avait conduit à l’arrestation de Ben Laden, détesté par une partie de la population, avait été contraint de démissionner et de se cacher. Le Pakistan et ses diaboliques services secrets, l’ISI, ont trop longtemps joué la carte de l’extrémisme pour qu’on ne prenne pas les menaces de ses fondamentalistes au sérieux.
Ashiq Masih, le mari d’Asia Bibi, réclame désormais pour lui et sa famille l’asile à l’étranger. S’ils restent au Pakistan, ils vont certainement périr sous les coups d’extrémistes fanatisés qui réclament du sang au nom de ces lois anti-blasphème que le gouvernement Pakistanais ne cesse de durcir. Il faut entendre leur appel au secours.