Reportage

Les islamistes peuvent-ils s’emparer de la bombe ?

Les islamistes peuvent-ils s’emparer de la bombe ?

Que se passerait-il si, à la faveur de la crise pakistanaise, l’arsenal nucléaire du Pakistan tombait s mains des combattants d’AlQaida ? Ou si les officiers ou les chercheurs qui se trouvent au coeur du système nucléaire étaient tentés de vendre des secrets qu’ils détiennent à des pays voyous, comme l’avait fait le scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan ?

C’est sur ces hypothèses cauchemardesques que planchent, depuis la déclaration de l’état d’urgence, le Pentagone et la CIA. Car l’administration américaine l’a reconnu : si le général Musharraf est renversé, personne ne sait avec certitude ce qu’il adviendra de l’équipe qu’il a mise en place pour garder l’arsenal nucléaire. Car au Pakistan c’est l’armée qui contrôle le dispositif de la bombe. Selon les experts, le Pakistan aurait enrichi assez d’uranium pour pouvoir produire une cinquantaine de têtes nucléaires qui seraient dispersées sur six sites différents. Il existe aussi une douzaine de sites nucléaires, des laboratoires d’enrichissement de l’uranium jusqu’à ceux qui conçoivent les armes de demain, qui sont l’objet des convoitises des groupes extrémistes. L’année dernière, le général Musharraf a envoyé à Washington le lieutenant général Khalid Kidwai, chargé de la sécurité nucléaire, pour rassurer les Américains. Il a décrit un système où les têtes nucléaires sont stockées sous bonne garde, séparément des détonateurs, et dans lequel les gens qui entourent les armes nucléaires sont constamment observés pour voir s’ils ont des sympathies pour Al-Qaida. Mais beaucoup d’officiels américains restent sceptiques. Ils se souviennent que Musharraf leur avait assuré, il y a cinq ans, que toute fuite était impossible, au moment même ou le docteur Khan avait su corrompre les militaires, allant jusqu’à utiliser les avions de l’armée pour livrer les composants nucléaires…

Sara Daniel