Reportage

Les Gardiens de l’Arc-en-ciel

On les accuse d?être vendus à l?Ouest. De vouloir saper l?industrie de leur pays. Les autorités locales ne voient pas d?un bon ?il les Gardiens de l?Arc-en-ciel, ces anarcho-écologistes qui organisent des « camps d?été » devant les usines les plus polluantes de Russie. Déchets radioactifs, pollution industrielle, hangars d?armes chimiques, ces nouveaux militants n?ont que l?embarras du choix. A 28 ans, Olga Miryasova est la porte-parole de ce groupe, qui compte environ 500 activistes, sans compter tous ceux qui les rejoignent ponctuellement. L?action dont elle est le plus fière a eu lieu l?été dernier à Kassimov, à quelques heures de route à l?ouest de Moscou. Dans ce petit village, les Gardiens de l?Arc-en-ciel ont pactisé avec les paysans pour protester contre la pollution de l?usine de traitement de vieux câbles, qui rejette de la dioxine, substance très toxique. Deux camps de tentes ont été installés à côté du site industriel, et les militants ont empêché les ouvriers de gagner leurs postes de travail plusieurs jours de suite. Les Gardiens de l?Arc-en-ciel ont alors obtenu des autorités locales qu?elles stoppent les projets d?agrandissement de l?usine. Mais les actions peuvent être beaucoup plus mouvementées. En Russie, il est interdit de s?approcher des installations nucléaires et les jeunes écolos se font parfois éjecter des sites manu militari. Le problème qui préoccupe le plus Olga dans la Russie d?aujourd?hui, c?est la contradiction entre les impératifs écologiques et les impératifs économiques et sociaux. Devant les usines, les Gardiens de l?Arc-en-ciel sont violemment pris à parti. Par les ouvriers.