Reportage
Les Occidentaux au secours des femmes
Devant la levée de boucliers de la communauté internationale, le président Hamid Karzaï a fini par ordonner la révision du nouveau Code de la Famille réservé à la communauté chiite afghane, adopté par le Parlement et signé par le président, mais qui n’a pas encore été promulgué. Cette loi décrète que la femme ne peut refuser les relations sexuelles avec son mari, sauf en cas de maladie. Elle ne peut pas non plus aller à l’école, travailler ou se rendre chez le médecin sans le consentement de son époux. En cas de divorce ou de répudiation, la mère perd automatiquement la garde de ses enfants, confiés à leur père ou à leur grand-père. D’autres articles de ce code autorisent aussi les mariages temporaires, celui des filles dès l’âge de 9 ans, et obligent les femmes à se maquiller si leurs maris l’exigent…
Selon certains parlementaires afghans, cette loi est tout simplement une «légalisation du viol» et elle représente un grand pas en arrière pour les femmes du pays qui évoque fâcheusement l’ancien régime ultra-rétrograde des talibans. Alors, pourquoi Karzaï a-t-il pensé devoir céder aux exigences obscurantistes des religieux chiites? Avant tout pour amadouer cet électorat en prévision du scrutin présidentiel fixé au 20 août 2009. Accusé d avoir abdiqué devant la corruption et les trafics qui gangrènent l’Etat, le président est impopulaire tant chez les Afghans que parmi les représentants de la communauté internationale.
UN GRAND PAS EN ARRIERE QUI EVOQUE FACHEUSEMENT L’ANCIEN REGIME ULTRA-RETROGRADE DES TALIBANS.
C’est l’ancien ministre des Affaires étrangères et conseiller personnel d’Ahmed Shah Massoud, le docteur Abdullah, qui devrait être le candidat du grand parti d opposition à Karzaï, le Front national d’Afghanistan, un parti qui fédère des Tadjiks et des Ouzbeks, les ethnies du nord du pays. En Afghanistan, on vote avant tout pour son ethnie: malgré leur insatisfaction, les Pachtounes devraient dans leur grande majorité apporter leurs suffrages au président Karzaï. Dans ce contexte électoral, au second tour, le vote des chiites hazaras, qui représentent environ 12% de la population afghane, pourrait être décisif pour le président. A condition, bien sûr, que la crédibilité des élections ne soit pas trop remise en question par leur caractère limité: des officiels afghans reconnaissent qu’il sera dangereux d’aller voter dans plus de la moitié des districts du pays…
Sara DANIEL