Reportage
Kaboul, plongée dans une ville au bord du gouffre
Avec leurs longs turbans et leurs barbes noires, ils restent impassibles devant les manèges, les chevaux de bois et les balançoires qui volent au-dessus de la plaine de Kaboul. Et pourtant, ils sont chaque jour au rendez-vous. Dès 16 heures, les Talibans viennent arpenter les allées du Habibullah Zazai Park, le luna-park géant dont les néons multicolores clignotent sur une montagne pelée à la sortie de la ville. On les voit arriver par petits groupes compacts, dérouler soigneusement le tissu de leur coiffe, poser leurs armes sur les pelouses pendant qu’ils prient, ou siroter des sodas Red Bull aux terrasses des buvettes. En revanche, depuis que quelques kaboulis, hésitant au début, puis bravant leur appréhension des nouveaux maîtres de la ville ont repris le chemin du parc, les sévères « étudiants en religion » ne montent plus sur les attractions comme ils le faisaient les premiers après leur arrivée. « Ce qu’ils préféraient, c’était la grande roue. Ils ne pouvaient pas s’en lasser », se souvient dans un éclat de rire, Farid Zazai, le directeur du parc.
Car le 15 août, il a en effet eu la surprise de voir débarquer chez lui quelques 600 combattants du réseau Haqqani, venus du Pakistan, soit la branche dure des Talibans, ceux à qui l’on impute les attaques et les attentats les plus sanglants : les frères d’armes d’al-Qaïda. Ces Talibans-là s’étaient souvenus que le père de Farid Zaizai avait fait, dans les années 1980, le djihad antisoviétique avec Jalluludin Haqqani, leur chef. Alors, la veille de la chute de Kaboul, 600 d’entre eux, accompagnés de Pakistanais et d’Arabes, ont établi leur campement dans ce parc d’attraction qui domine la ville. « Beaucoup n’étaient jamais venus à Kaboul ; ils descendaient littéralement de leurs montagnes », nous dit-il. Et ces guerriers sans pitié, aux visages d’ordinaire fermés, écarquillaient les yeux devant les lustres de porcelaine chinoise et les vitres fumées, le béton tutti frutti des kiosques, le luxe des parvenus afghans. Dans le bar à Chicha, ils sont restés interloqués devant les pipes à eaux : « Ils n’en avaient jamais vu et se demandaient si c’était hallal ou haram… Il n’a pas fallu attendre longtemps le verdict », soupire Farid Zaizai. Pourtant, pragmatiques, les talibans n’ont pas interdit le narguilé : « Ils m’ont expliqué que les Afghans tiraient de l’argent de ces pipes et que, comme ils n’avaient pas encore les moyens de les salarier, il fallait attendre un peu avant de les obliger à respecter les codes de l’émirat islamique. » En revanche, ils n’ont pas hésité à interdire aussitôt la musique profane dans le parc de leur ami.
Malgré ces signes de pragmatisme, Farid Zaizai n’est pas optimiste. Il contemple son parc, fataliste et navré, et voit ses rêves de grandeur qui s’effritent. Comme les fondations inachevées de cet hôtel ou de ce fast-food qui ne verront jamais le jour. Lui ambitionnait de coloniser la montagne, de la couvrir de télésièges, et pourquoi pas d’ouvrir d’autres parcs en Afghanistan. Rien de tout cela n’est désormais possible. « Nous avions jusqu’à 10000 visiteurs le vendredi, aujourd’hui personne n’ose venir et j’ai dû licencier 100 employés. » Dès qu’il le pourra, il partira en Inde pour finir sa thèse.
Les marchands ne vendront plus de fleurs
Les habitants de Kaboul observent, avec une méfiance teintée d’ironie, ces combattants d’un autre âge arrivés des provinces. Les commerces tournent, mais au ralenti : les coiffeurs ne taillent plus les barbes et les marchands de fleurs ne vendent plus de roses aux amoureux. Dans le centre de Kaboul, les Talibans qui dépendent du ministre de l’Intérieur, Sirajuddin Haqqani, se tiennent aux check points, devant les ministères, ou sillonnent les avenues en pick-up. Ils ne sont pas assez nombreux pour mailler la grande ville. Le regard fermé, l’air prêt à en découdre, ils ne sont pas avenants pour la journaliste occidentale que je suis et qui cherche sa route dans le nouveau dédale du pouvoir de l’émirat islamique. D’ailleurs eux-mêmes, plus habitués aux guérillas et aux attentats, ne comprennent pas les subtilités des alliances et des complots qui se jouent à porte close. Ni de cette soudaine passion pour les étrangers encore présents sur place, ni même de l’obligation de leur donner une bonne image. Alors souvent, ils sont flanqués d’un homme moins barbu et plus accort. Comme le porte-parole du ministère de la Communication : « Je suis tellement content de vous voir les amis ! Demandez-moi ce que vous voulez ! », dit-il pour nous accueillir avec un large sourire, comme s’il venait de retrouver de vieux camarades. Il s’excuse de la désorganisation due au changement de régime. Personne ne sait encore à qui s’adresser pour prolonger un visa ou obtenir une permission. Personne, même pas eux, ne connaissent encore ni les règles ni les lignes rouges à ne pas franchir. Surtout qu’elles varient d’une province à l’autre, d’un « taleb » à l’autre… Ainsi, par exemple, alors que les Talibans avaient décrété une amnistie générale en prenant le pouvoir, le service de renseignements de la province de Ghazni a déclaré que celle-ci devrait « être nettoyée des agents de corruption de l’ancien régime »…
Donc, pour l’instant, la ville semble reprendre naturellement ses droits. Aux endroits où il n’y a plus de policiers pour faire la circulation, les voitures roulent à contre sens sur les avenues. Dans les embouteillages, une toute petite fille affamée ose ouvrir la portière d’un fourgon de police rempli de Talibans qui finissent par la chasser d’une gifle comme une mouche. Au milieu des voitures, un vendeur de drapeaux blancs sur lesquels sont écrits en lettres noires la Chahada, emblème du nouvel Etat islamique, ne trouve aucun preneur. Dans la pénurie qui a suivi l’écroulement du régime, toute la classe industrieuse de la rue redouble d’énergie. Les petites vendeuses d’eau se jettent avec leurs gobelets rouillés sur les clients, les épépineurs de grenades remplissent des verres en plastiques de leurs grains pourpres, le petit cireur de chaussures du haut de ses six ans aide son père marchand ambulant avec un air grave. Tous sont à la recherche d’un afghani supplémentaire.
Depuis que la banque mondiale a gelé les réserves de la banque centrale afghane, une foule compacte d’hommes et de femmes, séparés en deux groupes distincts, se massent devant les banques. Ils n’ont droit de retirer que 20000 afghanis par semaine (200 dollars). Autour du terrain de sport chaman-e-hozoori, les kaboulis bradent leurs meubles et la ville ressemble à un marché aux puces géant. C’est toute une intimité qui s’étale sur la chaussée : le canapé du salon où l’on s’endormait en regardant la télévision, le frigo où l’on n’a plus rien à mettre, la théière russe que l’on ne remplit plus, les kilims tachés par les jeux des enfants, les matelas du lit… Une clameur permanente monte de cette ville où, dans la poussière et les décharges à ciel ouvert, toujours on négocie quelque chose. Alors que les Américains et les étrangers viennent de partir, on a l’impression que la modernité, plaquée sur la misère comme un crépi, s’effrite déjà. Les centres commerciaux semblent au bord de la faillite, le béton se fissure, et les moutons au pelage noir se désaltèrent dans les rigoles puantes des égouts.
Les déplacés de Shar-i-naw
Dans le parc Shar-i-naw, en face de l’une des branches de l’université de Kaboul, on aperçoit immédiatement leurs tentes. Ils viennent de Khost et de Paktika à la frontière du Pakistan, ou même du Badarchan à la frontière chinoise. Ils ont fui les bombardements des dernières semaines de la guerre et s’entassent dans ce jardin brûlé. Je n’ai même pas le temps de leur poser une question. Chacun se dispute pour confier son malheur. Ils voudraient rentrer chez eux maintenant que la guerre est finie, mais toutes leurs économies ont été mangées par ces semaines d’exode. Ce n’est pas de journalistes dont ils ont besoin, mais il n’y a plus d’humanitaires. Mais comme les Talibans ont d’autre chats à fouetter, alors finalement à qui peuvent-ils s’adresser sinon à nous qui sommes là ? Bouleversé, mon traducteur, Luftullah, rassemble dans un sac les numéros que ces déplacés de l’intérieur nous donnent. Nous en récolterons plus de quatre cents que nous déposerons, comme on jette une bouteille à la mer, à un fonctionnaire de ce nouveau régime.
Cela fait un moment que Luftullah a cessé de me traduire leurs paroles ; le malheur n’a de toute façon pas besoin d’interprète. Un homme me montre un certificat pour excellents services rendus à une ONG qu’il brandit comme un viatique ; un autre a été traducteur pour des soldats australiens ; un troisième travaillait pour une société de sécurité allemande. Ils sont malades, exhibent leurs muscles atrophiés, leurs jambes de plastique de cette guerre ou d’une précédente, quelle importance. Les mères brandissent leurs enfants déformés ou les yeux pleins de fièvre. Parmi eux, un homme garde le silence. C’est un instituteur de Takhar qui a rejoint Kaboul lorsque sa maison a été détruite par les obus. Il soutient son fils de 18 ans qui a le teint gris, l’air prêt à s’évanouir. Nazir a pris une balle en plein poumons lorsque les Talibans ont tiré de bonheur pour fêter le départ des Américains, le 31 août dernier. La balle est toujours là, dans la cage thoracique, près de la moelle épinière. Nous conduisons Nazir dans une clinique privée, il a un début d’infection, mais on ne peut extraire la balle logée trop profondément : il s’en tire avec de la morphine et des antibiotiques. « Il devrait s’en sortir », nous rassure le médecin que nous choisissons de croire.
Le Pont des désespérés
Les irrécupérables, les désespérés se retrouvent sous le pont Pul-e-Sokhta. Là, ils « chassent le dragon », aspirent les lignes noires fondues de l’héroïne brune ou remplissent leurs pipes en verre de crystal metamphétamine. Dans le lit boueux de la rivière, ils se cachent sous leurs foulards pour se droguer à l’abri des regards. Echapper le temps d’un shoot à la malédiction de cette ville qui détient le taux de consommation de drogue le plus élevé du monde par habitant. Ils ont perdu une jambe comme Fazel ou sont traumatisés par les combats comme Amaula. Lui faisait partie des forces spéciales de l’armée afghane. Il dirigeait une unité, il avait deux chars. Il ne voulait pas se rendre mais un jour son supérieur lui a ordonné de déposer les armes : « Il m’a dit : ‘‘J’ai dix chars et 50 hommes et je vais me rendre. Comment vas-tu te battre seul avec deux chars ?’’ Lorsque le président Ghani s’est enfui, nous avons compris que c’était la fin. » Et puis, lorsque les talibans sont arrivés, sa femme qui tenait un institut de beauté a réussi à partir se réfugier en Iran avec ses enfants. Seul, désœuvré, il passe ses journées ici, sous le pont des toxicos : « J’ai besoin d’aide, je suis en train de sombrer », supplie-t-il. C’est un hazara, un chiite, la caste des maudits dans l’Afghanistan des Taliban sunnites.
« Nous auront et les Talibans et la guerre »
Dans la cour du ministère de la Communication, deux talibans chuchotent. Le torchon brûle au palais. Malgré le secret qui entoure le premier cercle du pouvoir, la nouvelle a fini par transpirer : le mollah Baradar serait en résidence surveillée dans sa résidence de Kandahar. Car, entre les membres du réseau Haqqani et celui du Mollah Baradar, rien ne va plus. Au moment des tractations qui ont entouré la constitution du gouvernement provisoire, le mollah Baradar, actuel vice-Premier ministre, aurait reçu un coup de crosse d’un garde du corps de Khalil ur Rahman Haqqani. Cet Haqqani-là est le ministre des Réfugiés et l’oncle de Sirajuddin Haqqani, le ministre de l’Intérieur. Depuis, le mollah Baradar a quitté Kaboul pour Kandahar, son fief, où il a tenu une shura (conseil des sages). Comme on ne le voyait plus à Kaboul, des rumeurs faisant état de sa mort ont circulé, poussant Baradar à produire un enregistrement audio pour les dissiper.
Furieux des déboires de son ami, le mollah Fazel, commandant le plus influent du sud du pays, a posé aux Haqqani un ultimatum : choisir entre la libération du mollah Baradar dans les 24 heures ou la guerre. Selon un taliban bien informé, la tension entre les deux camps, qui se disputent le pouvoir et le nombre des ministères au sein du gouvernement intérimaire, est vive : « Ils ont refait l’histoire, comparé lequel des deux camps avait le plus contribué à la victoire, parlé de leurs tribus. Baradar a dit que la sienne avait toujours été la plus importante en Afghanistan, Haqqani a mis en avant la valeur de sa tribu, les Zadran. La vérité, c’est que militairement Baradar a plus d’hommes, mais que Haqqani a des kamikazes et le soutien du Pakistan… » Dans un salon de thé, deux talibans du ministère de l’Intérieur sucent des glaces et nous confient que les Haqqani ne se contenteront pas longtemps des 20% des ministères qu’on leur a concédés. En les écoutant, un professeur d’économie soupire des larmes dans les yeux : « Je pensais que nous allions avoir des dirigeants moyenâgeux et, en contrepartie, la paix, mais nous aurons et les talibans et la guerre. Vous rendez-vous compte que dans le gouvernement intérimaire, il y a quatre ministres qui ont purgé des peines à Guantanamo ? Mais pourquoi les Américains leur ont-ils donné l’Afghanistan sur un plateau d’argent ?! »
« Les Talibans sont désormais une puissance régionale »
A deux heures de Kaboul, dans la capitale de la province du Logar, Pol-e-Alam, les Talibans qui patrouillent devant le siège du gouvernorat n’ont jamais vu de journalistes. Ici, peu de femmes dans les rues, et toutes en burqa bleue, même parfois de très petites filles. Les Talibans regardent effarés notre permis de circuler, délivré par le ministère de la Communication. Bientôt, c’est un attroupement, certains veulent nous chasser, d’autres qu’on les prenne en photo. Enfin, ils nous dirigent vers le responsable culturel de la région. Celui-ci nous accueille avec une bienveillance toujours aussi surréaliste. Et nous donne les lignes rouges à ne pas franchir dans le Logar : « Ne vous approchez pas de la mine de cuivre, c’est un sujet sensible, les Chinois veulent l’exploiter mais il y a des problèmes. Ni, bien sûr, des installations militaires, les Américains nous ont laissé leur immense base intacte. Nous avons désormais tellement d’armes en Afghanistan que je pense que nous pouvons désormais être qualifié de puissance régionale au niveau asiatique ! » Pourquoi alors continuer à utiliser de vieilles kalachnikovs russes ? « C’est notre héritage, notre emblème, mais pour nous battre nous avons désormais les armes américaines. » Pour illustrer ses paroles, il envoie un soldat chercher un M4 américain dans la pièce à côté. Assis à côté de lui, le directeur de la Cour chariatique de la ville, Qali Zaqer Jallati, un homme imposant, coiffé d’un turban gris qui s’appuie sur son AK 77, acquiesce. Avant d’occuper ce poste, il était un commandant important du groupe Haqqani. Lorsque je demande à ces talibans, plus connus pour leurs exactions que pour le sens de leur gestion d’une ville, s’ils ne vont pas regretter le combat, le responsable culturel me récite d’abord le bréviaire des « nouveaux Talibans » (ils ont été acculés à la guerre pour libérer leur pays de l’envahisseur), avant que l’autre, toujours appuyé sur son AK 77, le coupe et réponde en souriant : « Disons que si l’on nous cherche, nous ne sommes pas fatigués de nous battre. »
L’ombre des Bouddhas de Bamiyan
A l’ombre des trous béants qui creusent la montagne ocre de Bamiyan et que les Talibans ont laissé en 2001 à la place des immenses bouddhas datant du 7e siècle avant Jésus-Christ, c’est une petite école primaire qui fait venir les larmes aux yeux de Luftullah. Les professeures arrivent les premières : il y a Begum, la prof d’anglais, Massouma, qui enseigne la biologie, Fatima, la chimie, et Latifa, les mathématiques, qui a emmené son fils de 5 ans en guise de sponsor masculin. Elles ont peur que leurs matières soient supprimées, elles détestent les nouveaux vêtements qu’on les oblige à porter, et le fait de devoir être accompagnées partout par leur mari. Alors, elles se contentent de faire l’aller-retour entre l’école et leur domicile. Il y avait trois mille élèves dans l’école de Bamiyan, il n’en reste plus que 100. Les autres ont fui avec leurs parents dans les montagnes, dont le sommet commence déjà à se recouvrir de neige. « Dans les années 90, ils ont été les victimes des lois des Talibans, alors ils sont partis se cacher. » Déjà ils ont confisqué tous les instruments de musique de la ville. Elles nous font visiter l’école, la bibliothèque, leur fierté, les salles de classes sur le mur desquelles sont peint les bouddhas de Bamiyan : « C’était notre culture, notre héritage », soupire Begum. Sur le site archéologique, le guide, un hazara, récite la vieille condamnation que les Talibans ont prononcé sur eux, les chiites, qui vénéreraient des statues. Il était enfant lorsque les Talibans ont tiré au mortier sur les bouddhas depuis l’aéroport. Désormais, il règne sur des morceaux de frises pulvérisés, entassés dans des containers comme des gravats, comme un gigantesque puzzle immémorial. Quant au directeur de la police de Bamiyan, il ne sait pas encore ce qui adviendra du site : « Nous attendons encore les ordres de Kaboul. »
Alors que nous reprenons la route de la capitale, nous les apercevons dans la région de Jalriz (province du Wardak), qui attendent le bus dans leurs uniformes noirs, un voile blanc sur la tête. Ce sont les élèves de la courageuse Fatima. Elles aussi sont hazaras, et particulièrement détestée par les Talibans. Au milieu d’elle, la censeure du lycée, tient dans sa main la nouvelle circulaire que viennent de lui envoyer les talibans pour qu’elle ait le droit de continuer à enseigner. En voici les commandements : « 1. Rendre grâce à Dieu, en lisant le Coran dans son entièreté. 2. Prier pour l’âme sacrée du mollah Omar et du mollah Mansour et des autres martyrs. 3. Expliquer aux enfants l’importance de la libération de l’occupation étrangère et la nécessité de se sacrifier au besoin pour cela. 4. Chaque école devra appliquer ces principes et inviter les médias locaux pour assister à ces nouveaux cours ou envoyer des vidéos au ministère de l’Information de Kaboul de ‘‘qualité correcte’’. » Quand les Talibans sont arrivés dans la province, cette jeune femme est partie se réfugier à Kaboul. Mais, une fois les combats calmés, tandis que son mari et sa famille restait dans la capitale, elle est revenue habiter seule dans son ancienne maison. En faisant cela, elle contrevient à la règle imposée par les Talibans : toute femme doit être accompagnée d’un « sponsor » masculin de sa famille. Comme tous les fonctionnaires, cela fait trois mois qu’elle n’a pas perçu son salaire. « Même si je ne touche plus jamais un afghani, les filles doivent continuer à étudier », nous explique-t-elle, avant nous reprenions la route.