Reportage
Comme au temps des Soviétiques
Shahnawaz Tanaï évoque avec nostalgie ce « bon vieux temps » des Soviétiques qu’il ne semble pas être le seul à regretter. A l’entendre, il y aurait de nombreux points communs entre l’occupation de l’Afghanistan par l’Otan et la période soviétique.
D’abord, pour conquérir le pouvoir, Russes comme Américains se sont appuyés sur des seigneurs de guerre à la mauvaise réputation. Ensuite, comme l’Otan aujourd’hui, la Russie n’a pu pacifier le pays à cause de la frontière ouverte avec le Pakistan qui assurait une base arrière aux moudjahidin.
« En 1985, six ans après le début de l’invasion soviétique, les débats ont commencé en Russie, exactement comme aujourd?hui en Occident, sur la légitimité du gouvernement en place à Kaboul et sur les difficultés économiques de l?Union soviétique? Le moral de l?armée russe était au plus bas et on s?interrogeait à Moscou sur l’opportunité d?envoyer plus de soldats : Brejnev était pour, le KGB contre?» En 1988, Najibullah envoie son ministre de la Défense à Moscou pour convaincre Gorbatchev de rester en Afghanistan : « Je lui ai donné le conseil que je pourrais donner aux Américains aujourd’hui : pour envisager les étapes d’un retrait, vous devez auparavant sécuriser les grands axes et les villes principales, Mazar, Herat, Kaboul, et fournir un soutien logistique à l?armée. »
Le ministre de Najibullah se souvient d’une réunion entre ce dernier et Fidel Castro : « Castro a conseillé à Najibullah de se montrer moins dépendant de Gorbatchev. Karzaï devrait lui aussi prendre ses distances avec les Américains? »